Association pour la protection et la mise en
valeur du patrimoine urbain, fluvial et paysager
de la ville de Gray.
COMPTE RENDU DE
RÉUNIONS
Novembre 2012
Trois grands sujets de préoccupation mobilisent
les forces et les énergies d’Arès en ce mois de novembre : Le quai
Saint-Esprit, les maisons "du Trépot" et "Espagnole", rue
de la Malcouverte ,
et celle du 7 rue du Marché. Deux réunions, les 6 et 19
novembre, ont été consacrées à ces sujets..
.
LE QUAI SAINT-ESPRIT
Le 13 février dernier, la Ville de Gray faisait
détruire le mur parapet du quai Saint-Esprit (remis en état par Voies
Navigables de France l’année précédente), ainsi que l’escalier de l’ancien
bateau-lavoir (refait à neuf dans les mêmes conditions), procéder à
l'arrachage des 22 tilleuls de la place du 4 Septembre, puis creuser sur plus
de 400 m²
une excavation de plus de deux mètres au plus profond.
Arès se propose de faire le
point sur les événements des derniers mois :
Il faut d’abord rappeler que,
pour l’association, il s'agissait d’une opération inutile et coûteuse. En
effet, la ville de Gray disposait, place du 4 Septembre, d’un aménagement de
grande qualité (qui certes méritait d’être rénové) : une large
esplanade donnant sur la Saône ,
bordée d’une galerie en fonte identique à celle du pont de pierre, ombragée de
tilleuls centenaires, formant avec l’obélisque du Monument aux Morts de 1870-71
une perspective axiale centrée sur l'avenue
Carnot. C’était pour les graylois un lieu de représentation et d’usage.
Cet aménagement avait été
réalisé en 1892 par l’État, sur son domaine, à la demande et au bénéfice de la Ville qui en avait obtenu la
disponibilité contre une participation
financière très raisonnable (6 000 Frs de l’époque).
Surtout, la municipalité se
devait de présenter à la population le projet de transformation de cet espace
comme elle l’avait fait pour l’aménagement des rues et places de la ville
basse, et ne pas entreprendre de travaux sans les autorisations administratives
ni la publicité nécessaires.
intervention
d'Arès, ayant découvert que le projet
porté par la Ville
était dangereux et sans qualité, avait pour but d'obtenir :
·
que les travaux, mal
engagés, soient arrêtés,
·
que la Ville puisse initier un
projet respectueux du site, de l’environnement et du Patrimoine, et que ce
projet soit, sur le plan esthétique et utilitaire, d’une qualité au moins égale
à l’aménagement antérieur,
·
qu’elle demande aux
autorités compétentes les autorisations nécessaires,
·
que les graylois
puissent consulter et donner leur avis sur le projet.
***
Les recherches approfondies
menées par l’association ont permis d’établir que:
1) La délibération du Conseil
municipal, en date du 30 janvier 2012, point de départ légal de l’opération,
est entachée d’irrégularité. En effet, le 2e alinéa de l’avenant n°2, confiant
au bureau d’études (chargé de l’aménagement de surface du centre-ville),
l’étude d’aménagement du quai Saint-Esprit en quai à terrasses et soutènements,
revient à un "changement d’objet" (on passe d’un aménagement de
surface à un ouvrage vertical de génie civil), ce que la loi sur les
marchés publics ne permet pas ; seule une présentation très ambiguë du
projet a permis qu’il soit voté à l’unanimité par le Conseil municipal et qu’il
ne soit pas censuré au contrôle préfectoral de la légalité.
2) Aucune des autorisations
indispensables, sur la base d’un dossier technique et administratif
régulièrement constitué, n’a été demandée antérieurement à la démolition :
·
« Déclaration
préalable de travaux » (permis de démolir et de construire simplifié)
auprès de la
Direction Départementale des Territoires (DDT)
·
avis de l’Architecte
des Bâtiments de France,
·
avis du Service Régional de l’Archéologie (DRAC),
·
avis des services du
Département (en rapport avec les routes et le Pont de Pierre),
·
avis de Voies
Navigables de France (VNF),
·
et, sans doute, l’avis
du Conseil régional et de l’Union européenne, financeurs des travaux du centre
ville, si les travaux du quai sont imputés à ce budget
3) La Ville de Gray par ailleurs, comme
l’attestent les pièces d’archives, n’est pas propriétaire des lieux et a donc
démoli un ouvrage appartenant à
l’État :
·
le quai Saint-Esprit à
gradins de 1844 a
été bâti sur des terrains acquis à cette occasion par l’Etat ou lui appartenant
déjà (faisant partie du domaine fluvial),
·
le quai parapet édifié
en 1892 l’a été dans le lit de la rivière, propriété de l’État,
·
la place du 4 Septembre elle-même, obtenue par remblaiement de l’ancien quai à gradins, est de
ce fait propriété de l’Etat.
Que l’Etat en ait donné la
disponibilité à la ville de Gray ne fait pas de celle-ci le propriétaire des
lieux. D’ailleurs, lors de la rénovation du barrage, Voies Navigables de France
avait pris soin de remettre à neuf les ouvrages de la rive gauche, escalier du
bateau-lavoir et mur parapet (désigné à l’époque par le terme de perré
vertical).
4) En raison du changement
d’objet, l’entreprise qui a effectué la démolition, nullement couverte par son
marché de travaux, a probablement travaillé sans contrat.
5) Le projet initié par la Ville comporte trois niveaux
de terrasses descendant progressivement du Monument aux Morts jusqu’à la
rivière, retenus par des murets de soutènement de 80 cm de hauteur (dont la
dangerosité est évidente), plantés d’arbustes et de plantes vivaces et
herbacées. Seuls deux petits escaliers permettent l’accès à la Saône. L ’ensemble paraît
donc conçu davantage comme un ensemble décoratif que comme un lieu d’usage.
M. le Préfet de la Haute-Saône , auprès de
qui l’association a formé un recours administratif exposant ce qui précède,
confirme dans sa réponse la propriété de l’Etat et indique que le projet de la Ville devra être conforme à
la légalité et respectueux du patrimoine et du site.
***
***
En résumé : les deux
premiers objectifs de l’association ont été atteints :
1°
- l’arrêt des travaux,
2° -
la reprise du projet,
espérant
que ce soit dans le respect du site urbain et fluvial de Gray, en terme
d’intégration et d’image, et de valeur d’usage (des hauteurs de gradin de
40cm comme dans un amphithéâtre qui permettent aux gens d’accéder et de s’asseoir),
tenant compte notamment des vues depuis le quai Villeneuve sur la ville haute,
de la perspective axiale de l'avenue Carnot centrée sur l’obélisque du Monument
aux Morts de 1870 et du raccord architectural au pont de pierre.
Il reste maintenant à l’association
d’être vigilante vis-à-vis du projet de la ville pour qu’il soit à la hauteur
des réalisations des années 1844 et 1892…
***
LES MAISONS EN PERIL.
1° La maison du Trépot et la maison espagnole.
Suite à la liquidation de
l’entreprise du propriétaire, la maison du Trépot et la maison
"espagnole" dans la rue de la Malcouverte ont été vendues aux enchères par
procédure judiciaire le 15 novembre dernier.
Le 6 novembre, considérant le
grand intérêt historique, architectural et patrimonial pour la ville de Gray de
ces immeubles, une réunion générale d’Arès s’est tenue pour examiner la situation. Il a été décidé
que si le devenir de ces maisons semblait menacé, l’association se porterait
acquéreur grâce à un fonds constitué par les dons de membres de l’association.
Le 15 novembre, les maisons
de la Malcouverte
ont été vendues à M. Martin du Daffoy connu pour son respect des valeurs
patrimoniales.
Le 19 novembre, à l’issue
d’une nouvelle réunion, la majorité des membres présents s’est déclarée prête à
surenchérir, si les intentions de l’acquéreur se limitaient à une simple mise
hors eau sans projet de mise en valeur.
L’échange de points de vue
avec M. Martin du Daffoy a permis de s’orienter vers un projet de partenariat entre ce dernier et l’association en vue de
cette mise en valeur. De ce fait, Arès a décidé de ne pas surenchérir.
***
2° La maison 7 rue du Marché.
Cette maison, dont la
silhouette caractéristique est la marque de la ville haute, se trouve sans
couverture depuis plus de 4 ans et la
Ville ne voit pas d’autre solution que sa démolition.
Cet immeuble, situé dans
l’axe de la rue du Marché, a abrité différentes fonctions et activités au cours
de son histoire : logement, commerce et même, dit-on, synagogue. Il fait
partie à plus d’un titre du patrimoine de Gray. Surtout il est garant de la
continuité et de la cohérence de ce vaste îlot urbain central que l’on découvre
de face lorsque montant la
Grande Rue on prend à gauche pour aller vers l’Hôtel de
Ville.
Fin 2007, une SCI grayloise,
qui se proposait d’y aménager plusieurs appartements (bâtiment principal et
annexes en fond de cour), participant de la réhabilitation du centre
ancien, l’a acquis. Une première entreprise de couverture, après avoir
totalement découvert l’immeuble, a abandonné le chantier, puis a été mise en
faillite ; une seconde entreprise s’est elle aussi trouvée en faillite
après une brève intervention. L’affaire a été portée devant la Justice. Quant à
l’immeuble, depuis 4 ans sans aucune protection, il n’a cessé de se dégrader.
Les murs pignons sont encore solides, la façade sur rue a été efficacement
renforcée, mais la charpente et les planchers sont en piteux d’état.
Le Maire de Gray a pris un
arrêté de "mise en péril" et a provisionné 100 000 € pour
sa démolition et l’étaiement des immeubles voisins. Cet argent serait sans
doute mieux employé à restaurer ou refaire la charpente, rétablir la
couverture, réparer ponctuellement, comme nécessaire, la façade sur cour, et
mettre en sécurité les planchers, conservant à cette parcelle et au bâti qui
l’occupe une valeur architecturale, urbaine et économique certaine. La maison
étant dans la Zone
de Protection du Patrimoine Urbain et Paysager (ZPPAUP), l’autorisation de
l’Architecte des Bâtiments de France est indispensable (une précaution à
laquelle jusqu’ici la Ville
apparemment n’a pas souscrit).
2012 |
2007 |